Contagion émotionnelle et résilience : saisir les opportunités de la crise du coronavirus pour refonder nos modèles ?

Caractères chinois signifiant crise et opportunités

Caractères chinois signifiant crise et opportunités

Danger et opportunité, ce sont les deux idéogrammes qui traduisent le mot CRISE en Chinois. Lorsque le temps du danger sera écarté, quelles opportunités allons-nous être capable de saisir (ou pas) de cette pandémie fulgurante ? Cette crise se caractérise fondamentalement par une contagion des émotions inédite au niveau planétaire. Christophe Haag décrit précisément dans son livre les mécanismes irrationnels de la propagation des émotions (éd Albin Michel, La Contagion Emotionnelle). La crise du coronavirus en est une illustration ahurissante.

Le Monde a vécu d’autres évènements dramatiques ces dernières années (le 11 septembre 2001, les vagues terroristes, les guerres au Moyen Orient, la pandémie Ebola, la grippe aviaire etc…). Pourquoi maintenant et aujourd’hui, le Monde craque-t-il et la peur se déploie-t-elle sans retenue ? La contagion émotionnelle, portée par les fakes news, les réseaux sociaux, parfois des médias et des gouvernants fébriles ou décalés, peu préparés à l’incertitude du temps de crise, en est une explication. Ce sentiment de vulnérabilité collective et cette hésitation à la solidarité sont grandement favorisés par les sous-couches fragiles de nos sociétés et nos liens sociaux devenus précaires et évanescents. La crise des gilets jaunes en était un signal faible puissant. La mondialisation fabrique de l’interdépendance et l’interdépendance favorise la propagation des phénomènes, c’est une évidence. L’infiniment petit du coronavirus vient certes fragiliser l’équilibre macroéconomique du Monde, mais il vient surtout nous défier sur le terrain du vivre ensemble et de la proximité. Si l’on parle d’organisations résilientes, de collectifs ou d’individus résilients, on doit considérer des entités autonomes moins connectées, moins interdépendantes, aptes à vivre en autarcie partielle et moins sensibles à l’interprétation d’un flux informationnel décousu, anxiogène et non maitrisé. Sans sombrer dans le survivalisme de bon aloi ni aduler les millénaristes et tenants de la fin du Monde, les mesures de confinement sont une occasion inespérée de réfléchir à ces sujets essentiels du bien commun, de la solidarité, de la résilience collective et individuelle. De revenir aux fondamentaux de la citoyenneté.

Réinventer notre modèle social à l'échelle planétaire

Chacun se félicite des bénéfices et des progrès offerts par la mondialisation, source de prospérité (et d’inégalités majeures ne l’oublions pas). Mais la mondialisation a porté au firmament la valeur « bien-être » comme un graal absolu pour l’humanité alors que nous devons « en même temps » entrer dans le temps de la frugalité. Mais comment transformer ce modèle de société vulnérable en un projet collectif plus durable et résilient ? Cette crise offre une formidable opportunité de réinventer notre modèle sociétal à l’échelle planétaire et de repenser ces interdépendances pour réduire les risques de propagation de ces phénomènes destructeurs, tout en permettant l’émergence d’une intelligence commune et d’une société frugale et résiliente. Mais quand j’écris cette phrase j’ai le douloureux sentiment de débiter des sornettes et des incantations. Dans la crise, essayons de nous souvenir qu’il est essentiel, qu’après le danger, nous soyons aptes à saisir les opportunités immenses que révèlent cet évènement.

 
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